Les contes philosophiques de Jean Rigaud

Cavaliers Seuls

L’œuvre de fiction de Jean RIGAUD (1924-2005) s’est élaborée au fil des années 1960-1970, en marge de tout milieu littéraire. On peut y percevoir une série de notations constituant une autobiographie, nullement factuelle mais existentielle. Il disait l’adresser aux dieux tout en gardant à l’esprit le célèbre fragment 34 de Xénophane : « Il n’y eut dans le passé et il n’y aura jamais dans l’avenir personne qui ait une connaissance certaine des dieux. Même s’il se trouvait quelqu’un pour en parler avec toute l’exactitude possible, il ne s’en rendrait pas compte. »

Le livre :


  • Editions : La Palatine
  • Publication : 2007
  • 800 pages
  • ISBN : 978-2-7103-2967-1
  • 27 €

20 exemplaires ont été tirés de cet ouvrage sur Centaure Ivoire hors commerce, numérotés de 1 à 20, constituant l’édition originale.

Le contenu :


  • Les 7 longs-métrages:
    Itinéraire, rientation, Fleuve, Les Chroniques de l’Ordre Blanc, Le Serpent dans le Basalte, La Roue de Fortune, Wong
  • Les 16 histoires brèves : elles sont réunies sous les titres Bryan mon ami (7) et Le temps qui passe (9).

4ème de couverture

Sous le titre de Cavaliers seuls est réuni l’ensemble de l’œuvre de fiction de Jean Rigaud, soit sept longs métrages et deux recueils d’histoires brèves.
Très influencé par le cinéma, l’auteur excelle dans les scènes de mouvement rapide et dans les ellipses. L’effet produit est celui d’un labyrinthe aux détours habilement tracés : par-delà les tribulations existentielles et relationnelles des personnages centraux, qui forment la trame des récits, il nous introduit dans un univers à triple fond. Une lecture du premier degré ouvre un large éventail de situations plus ou moins familières, de la poursuite automobile au naufrage d’un vaisseau spatial, de la noyade dans un fleuve en crue à une rixe sur un ferry pris clans la tempête, d’une parodie de cérémonie cultuelle dans une communauté sous influence aux méthodes inédites d’un chercheur d’or, ou de l’aventure sur des mers lointaines à l’exploration de temps anciens. Mais à travers le réalisme et l’humour inhérents aux reportages, et sous la puissance visuelle et poétique de l’évocation des lieux, perce une réflexion sur ces questions, fondamentales pour l’homme d’aujourd’hui, comme, par exemple, l’exercice du pouvoir, l’aptitude à conquérir sa liberté… A quoi s’ajoute, au-delà de nos préoccupations contemporaines, un regard sur la relation de l’homme au cosmos, propre à nous faire réfléchir à notre tour sur la validité de nos jugements et de nos choix personnels. En somme, un volume susceptible de devenir un livre de chevet et de le rester longtemps.

Chronologie de l’activité créatrice de Jean Rigaud :

Une nuit de 1962 ou 1963 il fit un rêve si vif qu’il se sentit enjoint de l’écrire. Ce devait être Orientation. Manquant d’entraînement, il préféra se faire d’abord la main sur un sujet plus facile. Ainsi se forgea Itinéraire. L’une et l’autre histoire ont fait l’objet de nombreux remaniements ultérieurs, de même que toutes celles qui suivirent, à l’exception de Wong, le plus autobiographique de tous ses livres, écrit d’un jet en 1973-1974, qu’il ne souhaita jamais reprendre ni même relire.
À la même époque, au retour d’une descente du Pô en kayak, Jean Rigaud conçut le premier état de Fleuve, destiné d’abord à figurer dans un futur ensemble de ces Histoires brèves qui surgissaient de temps à autre dans son esprit pour trouver forme dans l’écriture.
À une date assez précise encore, 1978, peut être assignée la majorité du travail sur Le Serpent dans le Basalte, tandis qu’au fil de la même décennie, étaient déjà apparus en arrière-plan la plupart des Fragments des Chroniques de l’Ordre blanc. Quant à La Roue de Fortune, elle fut, au départ, avant 1968, imaginée comme un jeu astrologique – l’Astrologie a toujours intrigué Jean Rigaud en raison de son exceptionnelle pérennité, sans qu’il ait jamais acquis aucune certitude en la matière – mais le texte s’est révélé si fertile en retentissements que son auteur l’approfondissait encore à la veille de sa mort.

Le sort des manuscrits :
Lorsque la source de son écriture s’est tarie, il a cessé d’écrire de la fiction. Au rebours des artistes professionnels qui doivent perdurer dans l’exploitation de leur veine, il a délibérément relégué ses manuscrits dans un coffre, et seules les objurgations d’une poignée de lecteurs privilégiés lui avaient, peu avant sa disparition, fait accepter l’idée que ses écrits soient publiés.

L’œuvre : une quête non délibérée, qui se révélera initiatique :
Dans chacun des récits, tous ancrés dans un contexte différent, le protagoniste, un homme normal, traverse une succession d’aventures des plus variées. Sans en avoir conscience, il est soumis à des forces cosmiques, énigmatiques, dont la nature ne sera pas élucidée. Nous sommes en présence de variations sur la notion de correspondance entre macrocosme et microcosme. À l’inverse de la pression sociale qui n’est jamais en cause directement, les forces en question sont diffuses. Si le héros (qui n’en est pas un) parvient cependant, fût-ce à son insu, à entrer en phase avec elles, c’est sa liberté qu’il exercera. Un parcours labyrinthique l’achemine ainsi vers une forme d’individuation par déprogrammation. On pourrait, de ce point de vue, parler de Bildungsroman, si le concept n’était pas déjà accaparé par les tenants du recours à l’enfance aspirant à une intégration sociale.

L’atmosphère symbolique :
On peut qualifier de récits philosophiques ces livres qui évitent tout discours socio-psychologique ; qui préfèrent explorer la complexité des relations entre l’homme et le cosmos au travers de fictions, des fictions d’où émane une atmosphère fantastique dénuée toutefois de surnaturel. Ce climat particulier sourd de la perception globale qu’avait du monde un auteur aussi sensible aux réalités cachées qu’étranger à toute pratique occultiste.

L’empire des images :
Si le style est soutenu, il reste toujours clair, souvent réaliste, voire cinématographique. Il est surtout marqué par la précision visuelle des mouvements et le pouvoir évocateur d’un imaginaire très fertile.

Quel lecteur peut se retrouver dans ces livres ? :
Cet ensemble d’aventures à la limite de l’étrange doit favoriser la rencontre de l’œuvre de Jean Rigaud avec un lectorat réceptif à une démarche qui déborde la présentation du quotidien autant qu’elle bouscule le nombrilisme descriptif ou analytique, lesquels font aujourd’hui florès dans la littérature.

Déclaration de l’auteur qui, l’une des rares fois où l’on parvint à lui faire dire quelques mots sur les fondements de son écriture, écrivit dans une lettre informelle à un ami:

« J’ai eu l’impression d’explorer un pan du monde, de rechercher une liaison existentielle entre l’homme et la matière, où les éléments, où des états de conscience très différents, des symboles divers, des expériences apparemment déconnectées étaient présentés simultanément, dans ce tourbillon cosmique où nous sommes immergés. »

Jean Rigaud


Bibliothèques ayant acquis « Cavaliers seuls »
  • Bibliothèque Abbé Grégoire à Blois
  • Université de Clermont-Ferrand, UFR de Lettres
  • Bibliothèque départementale des Alpes de Hautes-Provence à Digne
  • Bibliothèque municipale de Dijon La Nef
  • Bibliothèque de l’Ecole Normale Supérieure à Lyon
  • Bureau de la Lecture  de l’Ambassade de France à Madrid
  • Médiathèques de Quimper-Communauté
  • Médiathèque de la Communauté d’Agglomération à Sophia-Antipolis
  • Bibliothèque du Portique à Strasbourg
  • Bibliothèque départementale d’Indre-et-Loire à Tours